Tapis persan

Le tapis persan est un élément essentiel de l'art et de la culture persane, son tissage est devenu un art. Le tissage du tapis est probablement une des manifestations les plus distinguées de la culture et de l'art persan, on le fait remonter à l'Âge du bronze.


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  • Histoires, origines, techniques, motifs des tapis de Perse. (source : noname)
  • TAPIS PERSAN : Ci-dessous un choix particulièrement varié de tapis persan, en laine ou autres composants, faits main et/ou mécaniques, de tapis à dessins contemporains... (source : achat-tapis)

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Le tapis persan est un élément essentiel de l'art et de la culture persane, son tissage est devenu un art. Le tissage du tapis est probablement une des manifestations les plus distinguées de la culture et de l'art persan, on le fait remonter à l'Âge du bronze.

Le luxe auquel est associé le tapis persan apporte un contraste saisissant avec ses débuts modestes parmi les tribus nomades de Perse. Le tapis était alors l'article indispensable contre les hivers rudes. Depuis, il est devenu un mode d'expression artistique par la liberté qu'autorise surtout le choix des couleurs vives et des motifs employés. Les secrets de fabrication sont passés de génération en génération. Les artisans utilisaient les insectes, les plantes, les racines, les écorces et d'autres matières comme source d'inspiration.

À partir du XVIe siècle, la fabrication des tapis s'est développée jusqu'à devenir un art à part entière.

Histoire

Premiers tapis

Avec le temps, les matériaux utilisés dans les tapis, dont la laine, la soie et le coton, se dégradent. C'est pourquoi les archéologues n'ont pas pu faire de découvertes intéressantes sur les traces les plus anciennes.

Dans une seule fouille cependant, menée en 1949, un exceptionnel tapis Pazyryk a été découvert au milieu des glaces de la vallée Pazyryk, dans les monts Altaï en Sibérie. Il se trouvait dans la tombe d'un prince scythe mise à jour par un groupe d'archéologues russes sous la supervision de Sergueï Roudenko. Les tests au carbone 14 ont montré que le tapis Pazyryk avait été tissé au Ve siècle av. J. -C. Ce tapis mesure 1, 83 mètre de large sur 2 mètres de long et compte 3 600 nœuds symétriques par décimètre carré. La technique avancée de tissage utilisée sur ce tapis indique une expérience certaine dans la maîtrise de cet art. La majorité des experts pensent que le tapis Pazyryk est l'aboutissement d'une longue évolution de la technique de fabrication du tapis d'au moins un millénaire. Selon cette théorie, la naissance de la technique du tissage de tapis daterait par conséquent d'au moins 3 500 ans.

Mais tout ce qu'il reste comme traces du tissage de tapis aux temps anciens se limite à quelques pièces de tapis mal conservées. Ces fragments n'aident pas à reconnaître les caractéristiques des techniques de tissage de tapis de la période pré-seldjoukide (XIe-XIIe siècle) en Perse. Il existe cependant des mentions écrites de l'existence du tapis en Asie occidentale au cours de l'époque préislamique, mais il est impossible de savoir s'ils étaient noués ou tissés. Quelques fragments de tapis nous sont parvenus de l'époque sassanide, découverts à Shahr-e Qumis.

Les plus vieilles pièces découvertes sont celles trouvées dans l'Est du Turkestan, datant du IIIe au Ve siècle de l'ère chrétienne, mais aussi quelques tissages à la main des Seldjoukides d'Asie mineure qui sont exposés dans la mosquée Ala'edin à Konya et dans la mosquée Ashrafoghlu à Beyshehir, en Turquie. Ces pièces ont attiré l'attention des chercheurs au début du siècle dernier et sont désormais conservées au Musée des arts turcs et islamiques à Istanbul et au musée Molana à Konya.

Arrivée en Europe

D'après Kurt Erdmann, les tapis d'Orient n'ont pas été importés en Europe avant le XIIIe siècle[1]. En effet, des tapis présumés d'origine persane apparaissent sur les tableaux de Giotto (1266-1337), qui semble être le premier à les représenter, puis sur des œuvres de Van Eyck (v. 1390 - 1441), Mantegna (1435-1506), Van Dyck (1599-1641) et Rubens (1577-1640). Ces tapis acquiss par les Européens étaient de trop grande valeur pour être posés sur le sol, telle que le voulait la pratique en Orient. Les termes utilisés dans les inventaires vénitiens indiquent qu'ils étaient positionnés sur des tables (tapedi da desco, tapedi da tavola) et des coffres servant de sièges (tapedi da cassa) [1]; les peintures européennes confirment ces usages[2] (cf. le Portrait d'un sénateur de L. Bassano).

Naissance de l'industrie du tapis en Perse

Un tapis persan

De nombreux tapis (entre 1 500 et 2 000) ont été conservés depuis la période safavide, mais la datation et l'établissement de la provenance de ces tapis restent particulièrement complexes. Il en subsiste aussi de l'ère Qajar et Pahlavi en nombre toujours plus grand. Les inscriptions (cf.  ci-dessous) sont une indication précieuse pour déterminer les artisans, les lieux de fabrication, les commanditaires, etc. Qui plus est , une fois qu'un tapis a été fabriqué et est resté dans un lieu précis, il permet d'identifier les autres pièces qui lui sont relatives.

Il est le plus souvent accepté parmi les spécialistes que ce sont les Safavides qui ont fait passer le tapis d'une production artisanale assurée par des tribus nomades au statut d'«industrie nationale» dont les produits étaient exportés en Inde, dans l'Empire ottoman et en Europe[3]. L'exportation du tapis a été florissante à la période safavide vers l'Europe (quelquefois via la colonie portugaise de Goa[4]) et vers l'empire Moghol, où les tapis persans ont stimulé la production locale. Quelques tapis safavides ont aussi été transportés par la Compagnie hollandaise des Indes orientales vers Batavia, Ceylan, la Malaisie, Cochin mais aussi vers la Hollande même. Des commandes européennes étaient passées en Perse pour le tissage de tapis spéciaux : par exemple, le groupe des «tapis polonais» a sans douté été noué à Ispahan, mais certains portent les armes de Pologne.

Sur la base de récits de voyageurs et d'autres sources textuelles [5], il apparaît que des ateliers de tapis royaux existaient à Ispahan, Kashan et Kerman. Ces ateliers produisaient des tapis pour les palais et mosquées du Shah, mais également pour être offerts aux monarques voisins ou aux dignitaires étrangers, ou encore réaliser des pièces sur commande de la noblesse ou d'autres citoyens. Le commanditaire versait alors du capital sous forme de matières premières et versait un salaire aux artisans au cours de la durée du nouage.

Le développement rapide de l'industrie du tapis en Perse à l'époque safavide semble être dû au goût des souverains pour cet artisanat. Ismaïl Ier puis Shah Tahmasp et Shah Abbas le Grand sont connus pour avoir été personnellement intéressés par la production des tapis. On a même supposé que les deux derniers souverains cités se sont personnellement investis dans la production de tapis, surtout par le dessin des motifs[6]. Au cours de leur règne, les productions de tapis persan ont été principales de toute l'époque safavide.

Bien que les Safavides aient transformé la fabrication du tapis en production nationale, les tribus nomades et les petits ateliers urbains continuèrent à produire des tapis persans, et ce même après l'invasion afghane de 1722, qui mis fin au règne de la dynastie — par conséquent à leur mécénat en faveur de la production de tapis. Il est cependant prouvé que Nâdir Châh et Karim Khân Zand ont fait réaliser des tapis dans le sud de la Perse, renouant ainsi avec le mécénat royal. C'est véritablement avec l'établissement de la dynastie qajare (1797) que la production du tapis fleurit à nouveau, encouragée en particulier par la demande locale. L'exportation restait peu répandue jusqu'à ce qu'une conjonction de facteurs fasse exploser les exportations. En effet, au début de la seconde moitié du XIXe siècle, la pébrine atteint la Perse et fait fortement chuter la production de soie, jusqu'alors une exportation majeure du pays. Parallèlement, une forte demande européenne de tapis d'Orient suite à l'exposition de Vienne en 1873, mais aussi l'émergence d'une classe moyenne importante en Grande-Bretagne ouvre un marché important à la Perse, qui cherchait un produit de substitution à la soie pour l'exportation. À partir de la fin des années 1870, la Perse commence à exporter massivement en Grande-Bretagne (deux compagnies anglaise, Messrs. Ziegler & Co. et Hotz & Co. fondent des manufactures en Iran), en France (un acheteur des Grands Magasins du Louvre se apporte chaque année) ainsi qu'aux États-Unis.

Malheureusement, la fin de la période Qajar est marquée par un paradoxe. D'un côté, des tapis de soie somptueux, égalant ceux du XVIIe siècle sont produits. De l'autre côté, la qualité générale des tapis se détériore après l'introduction des colorants de synthèse en Perse, néenmoins interdits par le gouvernement en 1877.

Production contemporaine

Vente de tapis au grand bazar de Téhéran, 2008.

Les deux guerres mondiales représentent une période de déclin pour le tapis persan. La production repart après 1948, et aboutit à des tapis somptueux grâce au mécénat des Pahlavi. En 1949, le gouvernement iranien organise une conférence à Téhéran pour remédier aux problèmes de baisse de qualité des tapis, constatés depuis plus de soixante ans (utilisation d'aniline et de colorants au chrome, baisse de qualité des dessins, usage du nœud jofti). À l'occasion de cette conférence, une série de mesures est prise par le gouvernement qui aboutit à un renouveau du tapis persan.

La production de tapis persan diminue fortement après la révolution islamique car le nouveau régime considére les tapis comme un «trésor national» et refuse de les exporter en Occident. Cette politique est abandonnée en 1984 étant donnée l'importance des tapis comme source de revenus. Les exportations connaissent un nouvel essor à la fin des années 1980 et de la guerre Iran-Irak. Elles font plus que tripler en valeur (de 35 millions US à 110 millions US) et doubler en poids (de 1154 tonnes à 2845 tonnes) entre mars et août 1986 — ce qui contribue a une baisse mondiale du prix des tapis.

Aujourd'hui, les techniques de tissage respectant les traditions sont toujours bien vivantes, même si la majeure partie de la production de tapis est devenue mécanisée. Ces tapis respectant les traditions tissés à la main s'achètent dans le monde entier et sont le plus souvent bien plus onéreux que ceux réalisés à la machine. On peut admirer de nombreuses pièces particulièrement fines de tapis persans au musée du tapis d'Iran, à Téhéran.

Fabrication

Le métier et les outils

Femmes tissant un tapis sur un métier vertical (vers 1890)
Outils utilisés dans la fabrication des tapis. De haut en bas : ciseaux, couteaux, peigne et aiguille.

Il existe quatre sortes de métiers : le métier horizontal, le métier vertical fixe, le métier vertical de type Tabriz et le métier vertical à ensouples rotatives.

Le métier horizontal est le plus primitif des quatre. Il n'est plus employé actuellement que par des nomades. Il consiste simplement en deux barres de bois entre lesquelles sont tendues les fils de laine dans le sens de la longueur. Durant le travail, les fils de chaîne sont maintenus tendus grâce à deux pieux liés aux extrémités de chaque barre et plantés dans le sol. Ce métier est aisément transportable quand la tribu se déplace.

Le métier vertical fixe, employé presque seulement dans les centres de production de moindre importance, est aussi un modèle rustique. Il consiste en un cadre vertical dont les montants supportent les extrémités de deux barres rondes et parallèles nommées ensouples. Entre ces deux ensouples sont fixés les fils de chaîne. Le tissage débute toujours par le bas. Au cours du travail, l'ouvrier est assis sur une planche qui repose sur les barreaux de deux échelles fixées aux montants verticaux du métier. Au fur et à mesure que le nouage progresse, la planche servant de siège doit s'élever en même temps que le tapis. Ce type de métier est utilisé pour des tapis dont la longueur ne dépassera pas celle du métier lui-même, c'est-à-dire trois mètres.

Le métier dit de Tabriz représente un progrès du métier vertical. Il a été découvert par les artisans de cette ville. Il est utilisé légèrement partout dans les grands centres de production en Iran. Dans ce type de métier, les fils de chaîne se déroulent de l'ensouple supérieure à la bobine inférieure, sous laquelle ils passent avant de revenir vers l'ensouple supérieure. Ce dispositif offre l'avantage de pouvoir nouer des pièces de longueur égale à deux fois la hauteur du métier.

Le dernier type de métier, à ensouples rotatives, représente la version la plus évoluée du métier vertical. Tout le fil de chaîne indispensable au nouage du tapis est enroulé sur l'ensouple supérieure, alors que sur la bobine inférieure s'enroule le tapis au fur et à mesure du travail. Ce métier permet par conséquent de confectionner des pièces de n'importe quelle longueur.

Les outils utilisés dans le travail du tapis sont peu nombreux et particulièrement simples. Le couteau permet de couper les brins du nœud; entièrement en métal, il est quelquefois pourvu d'un crochet qui permet de nouer (en particulier à Tabriz). Le peigne est fait de plusieurs lames de métal dont les pointes s'écartent pour former les dents. Il permet de tasser l'ou les fils de trame contre la rangée de nœuds. Les ciseaux, plats et larges, sont utilisés pour raser le velours du tapis.

Les matières premières

Femmes qashqais en train de laver de la laine.

Les matériaux nécessaires à la fabrication d'un tapis persan sont la laine, la soie et le coton. La laine et la soie sont en particulier utilisées pour le velours du tapis, plus rarement pour la chaîne et la trame qui sont le plus souvent en coton. La laine de mouton est la plus utilisée, surtout celle à fibre longue (prélevée sur les épaules et les flancs de l'animal). La laine d'agneau est aussi particulièrement recherchée. On nomme la laine de bonne qualité kurk et celle la plus médiocre est appelée tabachi. Les laines les plus connues viennent du Khorasan ou des tribus lors et kurdes.

Le coton est utilisé exclusivement pour la chaîne et la trame. Dans certains types de tapis, comme ceux de Qom ou de Na'in, on mélange au velours de laine un fil de soie. Dans les tapis particulièrement précieux, le velours est de soie. Pour certains tapis anciens, des fils d'argent, d'or, ou de soie entourés d'un fil de métal précieux étaient aussi employés. Aujourd'hui, la chaîne et la trame sont toujours en coton (sauf pour certains tapis nomades entièrement en laine), car ce dernier est plus solide et résistant et il permet une meilleure tenue du tapis.

Les colorants

La palette particulièrement variée des tapis persans est en grande partie responsable de leur renom.

La laine à teindre est en premier lieu déposée dans un bain concentré d'alun qui fait office de «mordant». Puis elle est mise en teinture dans un bain colorant, et enfin mise à sécher au soleil.

Avant la naissance des colorants synthétiques (découverte de l'aniline en 1856 et apparition des colorants en Perse à la fin du XIXe siècle, les teinturiers utilisaient seulement des colorants naturels, provenant de substances végétales. Parmi les colorants employés :

Aujourd'hui, la majorité des teinturiers utilisent des colorants synthétiques (sauf parmi les nomades, qui utilisent toujours les couleurs naturelles), la plupart d'entre eux étant des colorants au chrome, qui présente des avantages comparé à l'aniline et a permis de baisser les coûts.

Sur certains tapis, ainsi qu'à certains lieux ou sur le fond, il est envisageable que la teinte change. Cette modification de couleur se nomme abrash. C'est la preuve que le tapis a été teint avec des colorants végétaux.

La chaîne et la trame

Photo du recto et du verso d'un tapis persan. On peut apercevoir le fils de trame blancs entre les nœuds.

La chaîne est la totalité des fils verticaux tendus entre les deux extrémités du métier. Les franges des tapis sont les extrémités des fils de chaîne.

La trame est constituée d'un ou plusieurs fils transversaux (généralement deux, l'un lâche et l'autre tendu), disposés entre deux rangées de nœuds. La trame permet de resserrer les nœuds en rangées parallèles et assure la solidité du tapis. La trame est tassée au moyen d'un peigne spécial (voir photo plus haut).

Les nœuds

Turkbâf
Farsbâf

Il existe deux types de nœud : le ghiordes ou turkbâf et le senneh, ou farsbâf. Le turkbâf est utilisé principalement en Turquie et dans le Caucase. Le farsbâf (fars signifiant «persan)» est en particulier utilisé en Perse.

Dans le turkbâf, le brin de laine est enroulé autour de deux fils de chaîne, de manière à former une spirale dont les extrémités ressortent entre les deux fils (voir dessin ci-contre).

Dans le farsbâf, le brin de laine forme une seule spirale autour d'une des deux fils de chaîne. Certains artisans, voulant gagner du temps (mais la qualité du tapis s'en trouve diminuée) nouent les brins de laine sur deux fils de chaîne. Les nœuds sont alors nommés turkbâf jofti ou farsbâf jofti.

L'artisan débute toujours par tisser une lisière en bas du tapis. Une lisière est une bande serrée faite de plusieurs fils de trame qui empêchera le tapis de s'effilocher ou de voir les nœuds se relâcher. La lisère terminée, le nouage peut commencer. Chaque brin de laine est noué sur deux fils de chaîne contigus. Ce sont ces brins de laine qui formeront le «velours» du tapis. Quand un rang est terminé, l'artisan fait passer un fil de trame, tantôt devant, tantôt derrière chaque fil de chaîne. Après chaque nœud, l'artisan coupe le brin de laine a à peu près sept centimètres du nœud et il le tire vers le bas ; c'est ce qui déterminera le «sens» du tapis. En effet, une des caractéristiques du tapis persan est qu'il apparaît complètement différent selon l'angle de vue et l'incidence de la lumière. L'ensemble des quatre ou six rangées, l'artisan effectue un premier rasage du velours. C'est uniquement à la fin du nouage du tapis que la tranche de velours est égalisée. Si le tapis est particulièrement fin, il sera égalisé particulièrement ras. Au contraire, il sera plus haut pour un tapis dont la qualité du nouage est plus basse.

C'est la qualité du nouage qui fait la qualité et le prix d'un tapis persan. Un tapis de qualité moyenne compte 2 500 nœuds au décimètre carré, un tapis de basse qualité 500 nœuds au décimètre carré uniquement. Un tapis d'excellente qualité peut compter jusqu'à 10 000 nœuds au décimètre carré.

Les formats

Différence entre tapis anatolien et tapis persan

La différence entre les tapis anatoliens (turcs) et persans est beaucoup une question de fabrication et de tradition dans l'emploi des motifs.

Typiquement, un tapis persan respectant les traditions est noué avec un nœud asymétrique (nœud persan ou senneh), tandis que le tapis anatolien respectant les traditions est noué avec un double nœud symétrique (nœud turc ou ghiordes). Finalement, ce procédé de «nœud symétrique» utilisé dans le tapis respectant les traditions anatolien/turc donne une impression que l'image est plus construite par blocs en comparaison au tapis persan respectant les traditions à nœud simple dont le dessin est bien plus fin. Le style respectant les traditions anatolien réduit aussi le nombre de nœuds au mètre carré. Ces facteurs ont contribué à créer la réputation ancienne et internationale de qualité des tapis persans.

Aujourd'hui, il est commun de voir des tapis tissés à la fois en Turquie ou en Iran utilisant l'un ou l'autre des styles. Lorsque on compare des tapis, l'unique façon d'identifier le type de nœud utilisé est de plier le tapis contre lui même et de regarder la base du nœud.

Architecture d'un tapis

Comme un ouvrage d'architecture, le tapis est réalisé selon un plan (appelé «carton»), qui indique la composition, l'agencement du décor et la disposition des motifs. Le carton est dessiné par un maître (ostad en persan), qui n'est pas nécessairement tapissier, mais peut être peintre. Le schéma d'un tapis reprend fréquemment celui d'une reliure de manuscrit, les deux arts étant intimement liés car leurs concepteurs sont fréquemment les mêmes peintres.

On peut distinguer deux types : schémas orientés et non orientés.

Parties d'un tapis

Les différentes parties d'un tapis persan.

Les différentes parties d'un tapis portent les noms suivants :

Schémas orientés

Ils sont dessinés autour d'un axe unique de symétrie et imposent un sens au tapis, qui ne peut être regardé que d'un seul point de vue. Les tapis figuratifs sont souvent conçus de cette façon. C'est aussi le cas des tapis de prière, qui possèdent un champ orné d'une niche nommée mihrab.

Schémas non orientés

Ces tapis peuvent être regardés de n'importe quel point de vue car leurs dessins ne sont pas orientés. La décoration est constituée soit de motifs continus, soit de motifs tous identiques répétés jusqu'à couvrir la totalité du champ.

Schéma à motif centré

Ce type de tapis est aussi conçu pour être regardé de n'importe quel point de vue, mais sa composition possède un élément central dominant autour duquel on trouve des motifs secondaires.

Décor

Tapis à décor géométrique

Motifs animaux d'inspiration géométrique : de g. à d. chien, coq, chameau.

Ils représentent le goût spécifique d'un artisan ou les traditions d'une tribu.
Ces tapis sont décorés d'éléments linéaires (traits verticaux, horizontaux et obliques). Le dessin est particulièrement simple et fréquemment constitué par la répétition du même motif. Les dessins géométriques se trouvent le plus fréquemment dans les tapis des nomades, des petits villages d'Anatolie et du Caucase. Les motifs géométriques s'étant transmis de génération en génération, il est facile à l'œil exercé de reconnaître la tribu dont ils proviennent.

Tapis à dessin curviligne ou floral

Ils sont le résultat d'une évolution qui a suivi celle de l'art islamique, auxquels ils appartiennent.

C'est à l'époque des Safavides et surtout à partir de Shah Tahmasp (1523-1576) que sont créés les premiers tapis à décors floraux, pour satisfaire les goûts des Safavides. La différence entre les tapis des nomades et les tapis floraux est due au rôle du «maître» (ostad). C'est lui qui dessine le carton qui sera reproduit par les noueurs. Les dessins des tapis des nomades sont , eux, transmis par la tradition.

Motifs

Article détaillé : Motifs décoratifs de l'art perse.
Le Boteh, l'un des motifs les plus connus employés en Perse.

Les motifs de champ sont un dessin répété jusqu'à envahir toute la surface du champ. Les plus connus sont les suivants :

Les motifs de bordure sont ceux qui ornent les bandes latérales du tapis. Les plus connus sont les suivants :

Les motifs d'ornementation sont des dessins conçus pour compléter le décor du champ et de la bordure. On y retrouve les motifs suivants :

Les inscriptions et les dates apparaissent sur la bordure de certains tapis et sont des inscriptions diverses : versets du Coran, vers, dédicaces, date de fabrication, mention du lieu de production.

Symboles et signification

Le tapis a toujours empli en Orient une double fonction, pratique et symbolique, dont le sens se perd quelquefois actuellement. Il forme un espace magique où les bordures représentent les éléments terrestres érigés en défenseurs du champ, habité par la sphère de l'univers et du divin[7]

Un des décors les plus courants est l'arbre, arbre de vie représentant la fertilité, la continuité et servant de lien entre le sous-sol, la terre et le divin. Ce motif beaucoup anté-islamique est fréquemment représenté dans les tapis de prière persans.

Les nuages, qui sous forme particulièrement stylisée peuvent être transformés en trèfles, symbolisent la communication avec le divin et la protection divine.

Le médaillon central représente quant à lui le soleil, le divin, le surnaturel. Dans certains tapis, les écoinçons reprennent les motifs du médaillon central ; ces quatre éléments revêtent alors la signification de portes d'approche et de protection du centre divin.

Le jardin, qui est associé au paradis (le mot dérive en effet du vieux-persan pairideieza qui veut dire «jardin», «enclos», qui a donné pardis en persan) donne lieu à un type de composition qui apparaît dès le XVIIe siècle en Perse afin d'imiter les jardins des shah, divisés en parcelles rectangulaires ou carrées par des allées et des canaux d'irrigation (chahar bagh).

On peut trouver aussi des tapis à thème cynégétique : la chasse est une activité prisée des Shah, requérant adresse, force et connaissance de la nature. Ce thème est aussi lié au paradis ainsi qu'aux activités spirituelles, puisque la chasse se déroule fréquemment dans une nature qui peut rappeler les jardins du paradis. Le tapis de Mantes, daté de la seconde moitié du XVIe siècle et conservé au musée du Louvre est à ce titre exemplaire.

Centre respectant les traditions de production de tapis en Iran (Perse)

Les centres de production classiques majeurs en Perse étaient à localisés à Tabriz (1500-1550), Kashan (1525-1650), Herat (1525-1650), et Kerman (1600-1650).

La majorité des tapis originaires de Tabriz ont un médaillon central et des quarts de médaillons dans les coins recouvrant une ornementation faite d'un champ de vignes entrelacés, quelquefois ponctués par des chasseurs à cheval, des animaux seuls ou des scènes de combat d'animaux. Les œuvres de Tabriz les plus connues sont peut-être les tapis jumeaux d'Ardabil — conservés actuellement dans les collections du Victoria and Albert Museum à Londres et du Los Angeles County Museum.

Kashan est réputé pour ses tapis de soie. Les œuvres le plus fameuses sont les trois tapis de soie représentant des scènes de chasse avec des chasseurs à cheval et leurs proies animales qui sont de véritables chefs d'œuvre, conservés dans les collections du Musée d'arts appliqués de Vienne[8] (ou MAK), au Musée des Beaux-Arts de Boston, et au Musée de Stockholm. Les tapis de Kashan sont parmi les plus recherchés. En 1969, un tapis s'est par exemple vendu en Allemagne pour 20 000 dollars US.

Les tapis de Herat, ou ceux au dessin identique créés à Lahore et Âgrâ en Inde, sont les plus nombreux dans les collections occidentales. Ils se définissent par un champ rouge de pieds de vigne entrelacés et des palmettes vert foncé ou des bordures bleues.

Les sept classes de tapis de Kerman ont été définies par May Beattie. Elle a identifié leur structure unique et l'a nommée «technique du vase». Les types de tapis dans ce groupe incluent les tapis jardin (ornés de jardins formels et de canaux d'eau courante) et les tapis au treillis en ovale. Un exemple particulièrement connu et parfait de ce dernier type a été acquis par le Victoria and Albert Museum sous les conseils de William Morris. L'influence des tapis persans est flagrante dans les dessins de ses tapis.

Types de tapis

Les vendeurs de tapis ont développé une classification des tapis persans basée sur le dessin, le type de fabrication et la technique de tissage. Les catégories ont été appelées selon les villes et les régions associées à chaque type de motifs. La liste qui suit présente les principaux types de tapis persans.

Notes et références

  1. Survey of Persian art, p.  3160-3161
  2. Voir aussi Hans Holbein le Jeune, Portrait du marchand Georg Gisze, Berlin, Gemäldgallerie où apparait un tapis de type seldjoukide, à bordure coufique.
  3. (en) Annette Ittig, Sarah B. Sherill, Karen S. Rubinson, Barbara Schimtz, Eleanor Sims, Daniel Walker, Layla S. Diba, Willem M. Floor, P. R. Ford, Siawosh Azadi, «Carpets», in Encyclopædia Iranica en ligne
  4. Gans-Ruedin, p.  11.
  5. Florencio, p.  102; Tavernier, I, p.  397, 589 ; Chardin, III, p.  120
  6. Vārzi, p.  58.
  7. Enza Milanesi, Le tapis, Gründ, 1999 (ISBN 2-7000-2223-8) .
  8. Site du MAK.

Sources

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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