Tricot

Comme le tissage, le tricot est une technique utilisée pour fabriquer une étoffe à deux dimensions à partir d'un fil ou d'une laine à une dimension.


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Définitions :

  • Tissu fait en mailles, soit à la main, avec de longues aiguilles émoussées, soit au métier; Travail d'une personne qui tricote (source : fr.wiktionary)

Comme le tissage, le tricot est une technique utilisée pour fabriquer une étoffe à deux dimensions à partir d'un fil ou d'une laine à une dimension. Le tricot est constitué de boucles, nommées mailles, passées l'une dans l'autre. Les mailles actives sont tenues sur des aiguilles jusqu'à ce qu'elles puissent être bloquées par le passage d'une nouvelle maille à travers elles.

Fig. 1 — Tricot : un bonnet tricoté, une pelote de laine et une paire d'aiguilles

Éléments de base

Dans le tissage, les fils sont toujours droits et parallèles, soit dans le sens de la longueur (fils de chaîne) ou dans le sens de la largeur (fils de trame). Par opposition, la laine d'une étoffe tricotée suit un trajet en méandres, formant des boucles symétriques ou mailles successivement au-dessus et au-dessous du chemin moyen. Ces mailles en méandres peuvent aisément être étirées dans diverses direction, ce qui donne au tricot bien plus d'élasticité que n'en a le tissu ; selon le type de fil et de point, des vêtements tricotés peuvent s'étendre jusqu'à 500 %.

Le processus du tricot a trois tâches de base à accomplir :

Tant qu'elles ne sont pas bloquées, les mailles d'un rang tricoté vont se défaire si on tire sur le fil ; c'est ce qu'on nomme démailler. Pour bloquer une maille, il faut au moins passer une nouvelle maille à travers. Quoique la nouvelle maille soit elle-même en l'air (active ou vivante), elle bloque la (ou les ) maille (s) à travers lesquelles elle passe. Une suite de mailles où chaque maille est suspendue à la suivante est nommée une colonne[1].

Fig. 2 — Modèle de base de tricot en chaîne. Des fils parallèles blancs, rouge et vert font des zigzags dans le sens général de la longueur, chaque maille bloquant une maille d'un fil voisin du rang précédent. Ainsi, les deux colonnes centrales de la figure forment des mailles alternativement blanc-rouge-blanc et rouge-vert-rouge.

Il y a deux variétés majeures de tricot : le tricot en trame et le tricot en chaîne[2]. Dans le tricot en trame, plus commun, le fil court perpendiculairement aux colonnes, et toute l'étoffe peut être tricotée avec un seul fil qui va et vient, en rangs dans le sens de la largeur (Cf. Fig. 3) ; alors que dans le tricot en chaîne, le fil court en gros le long des colonnes, et il faut un fil par colonne (Cf. Fig. 2). Comme un tricot typique peut avoir jusqu'à des centaines de colonnes, le tricot en chaîne ne se fait quasiment qu'à la machine, tandis que le tricot en trame peut être fait autant à la main qu'à la machine[3]. Les points tricotés en chaîne comme la charmeuse, l'atlas ou le satin résistent à l'usure, sont indémaillables, et sont fréquemment utilisés pour des maillots de bain, la lingerie, des voilages. Nous n'aborderons pas plus dans cet article le thème du tricot en chaîne, et nous nous limiterons au tricot en trame.

Le tricot le plus simple : le jersey

Fig. 3 — Structure d'un jersey, point de tricot usuel : le fil rouge faisant des méandres (mailles) définit un rang, le chemin du fil en travers du tricot. Les maillles blanches tout en haut ne sont pas bloquées, et sont par conséquent actives, mais elles bloquent les mailles rouges qui y sont accrochées. À leur tour les mailles rouges bloquent les mailles blanches juste en-dessous d'elles, qui à leur tour bloquent celles du rang suivant, etc.

Dans le point le plus simple, le jersey, l'ensemble des mailles sont enfilées de la même manière dans la maille du rang en-dessous, comme c'est montré sur la figure 3. De cette manière, le tissu est idéalement uniforme, jusqu'aux dimensions de la maille elle-même. Cependant la laine décrit des méandres incessants, sans aucune partie rectiligne.

La topologie d'une étoffe tricotée est par conséquent assez complexe. Contrairement au cas des étoffes tissées, où les fils courent d'habitude tout droit horizontalement et verticalement, le fil qui a été tricoté suit un chemin plein de boucles le long de son rang, comme le fil rouge du diagramme de gauche, où les mailles d'un rang ont toutes été tirées à travers celles du rang inférieur.

C'est pour cela que le tricot avait été originellement mis au point : pour des vêtements qui doivent être élastiques et s'étendre pour suivre les mouvements de leur propriétaire, comme les chaussettes, ou la bonneterie. Par comparaison, le tissu ne couvre quasiment que dans une direction (en biais), et toujours assez peu, à moins d'être fait de fil élastique comme l'élasthanne. Les vêtements tricotés sont fréquemment plus ajustés que ceux en tissu, parce que leur élasticité leur sert à suivre de près la courbure du corps ; par opposition, dans la majorité des vêtements en tissu, on ne peut introduire de courbure qu'avec des embus, des soufflets, des épaulettes, des fronces, des godets, des pinces, qui diminuent toujours l'élasticité du tissu. Une courbure supplémentaire peut être introduite dans les vêtements tricotés, sans couture, comme pour le talon d'une chaussette : les effets obtenus pour les vêtements en tricot peuvent être obtenus par des rangs partiels, par des augmentations ou des diminutions (changement du nombre de mailles). Le fil utilisé pour le tissage est d'habitude énormément plus fin que la laine à tricoter, ce qui peut donner au tricot plus d'épaisseur, mais moins de drapé qu'au tissu.

Énormément de vêtements élastiques modernes, même ceux qui utilisent des matériaux synthétiques élastiques, reposent sur des schémas de tricot pour obtenir une partie au moins de leur élasticité.

On peut constater sur la Fig. 3 que le tricot en jersey n'est pas symétrique : si on le retournait, la disposition de l'entrelacement des mailles serait différente

Le jersey : lieu et envers

alr="mailles lieu, envers"Fig. 4 — Dans le point à l'endroit de gauche, la maille suivante (rouge) passe à travers la précédente (blanche) du dessous, alors que dans le point à l'envers (à droite) la maille suivante entre par dessus. Ainsi une maille à l'endroit vue d'un côté du tricot apparaît comme une maille à l'envers de l'autre côté, et vice-versa.

Lorsque on bloque la maille précédente d'une colonne en la tricotant, la nouvelle maille peut passer dans la précédente soit du dessous soit par dessus. Dans le premier cas, la maille est nommée à l'endroit ; dans le second à l'envers. Ceci est illustré dans la Fig. 4, qui montre à gauche une maille à l'endroit, qui forme l'endroit du jersey tel qu'illustré Fig. 3, ainsi qu'à droite une maille à l'envers. Les deux mailles sont reliées en ce qu'une maille à l'endroit vue d'un côté du tricot apparaît à l'envers vue de l'autre côté.

Fig. 5 — Vue agrandie d'un point de jersey
Fig. 6 — Vue agrandie d'un point de jersey à l'envers

Le tricot de base, nommé jersey, possède un lieu (Fig. 5) et un envers (Fig. 6). Sur la Fig. 5 montrant l'endroit du jersey, les parties visibles des mailles sont les verticales connectant deux rangs, en forme de V, arrangées comme sur une grille. Sur l'envers (Fig. 6), on ne voit que les extrémités horizontales des mailles, formant une texture de bosses, fréquemment nommée jersey à l'envers. Ceci s'entend vu d'un même côté du tricot.

Malgré le fait que ce soit l'envers, le jersey à l'envers est fréquemment utilisé comme partie de motifs contrastant avec le jersey. Comme le fil désormais les rangs ensemble est tout sur l'endroit, et que celui qui maintient les colonnes ensemble est tout sur l'envers, le jersey uni a une forte tendance à se rouler vers l'avant en haut et en bas, et vers l'arrière sur les côtés.

On peut faire des textures ou des dessins dans les tricots en utilisant les mailles à l'endroit et les mailles à l'envers comme des pixels rectangulaires, selon le diamètre des aiguilles. On peut aussi faire des mailles individuelles, ou des rangs, plus hauts, en mettant plus de fil dans la maille – fréquemment en faisant un «jeté» (tour supplémentaire sur l'aiguille), qu'on laissera filer au rang suivant – (maille allongée), ce qui forme la base du tricot inégal : un rang de mailles allongées peut alterner avec une ou plusieurs rangs de mailles courtes pour donner un aspect visuel intéressant. On peut aussi alterner des mailles allongées et des mailles courtes dans un rang, pour former des formes ovales en forme de poisson.

Les côtes

Fig. 7 — Vue agrandie de côtes tricotées avec une laine multicolore.
Fig. 8 — Les deux rangs de fil rouge illustrent deux types de tricot de base. Le rang du bas est tricoté à l'endroit sur le rang blanc dessous, et le rang blanc dessus tricoté à l'endroit : ceci fait du jersey. Le rang rouge du haut est tricoté à l'envers sur le rang en-dessous, puis tricoté à l'endroit, ce qui donne du point mousse.

En mélangeant les mailles à l'envers et les mailles à l'endroit, on peut créer divers motifs. On peut obtenir des côtes verticales en alternant des colonnes à l'endroit et des colonnes à l'envers. On caractérise ces motifs par le nombre de colonnes à l'endroit ainsi qu'à l'envers. On utilise par exemple souvent la côte 2-2, particulièrement élastique (Cf. Fig. 7, Fig. 11), où 2 colonnes à l'endroit et 2 colonnes à l'envers alternent régulièrement. Les colonnes de mailles à l'envers ont une tendance à s'enfoncer, celles de mailles à l'endroit à saillir. Ainsi, dans les côtes, les colonnes à l'envers tendent à être invisibles, parce qu'elles passent derrière les colonnes à l'endroit qui saillent.

On peut faire aussi des côtes horizontales en alternant les rangs à l'endroit et les rangs à l'envers. Le plus simple d'entre eux est le point mousse, côte horizontale 1-1 particulièrement élastique (Fig. 8, haut, Fig. 9). Dans les côtes horizontales, les rangs à l'envers tendent à saillir comparé à des rangs à l'endroit voisins. Ceci forme la base du tricot en relief, dans lequel l'apparence d'un tricot change selon la direction sous lequel il est regardé[4].

Les côtes, verticales ou horizontales, sont particulièrement élastiques dans la direction perpendiculaire, car elles ont tendance à former des fronces, qu'il est aisé de déplier. Dans les côtes symétriques, la tendance du tricot à rouler est faible, ce qui les rend particulièrement usitées pour les bords, malgré leur élasticité.

On peut aussi faire des dessins en carreaux, dont le plus simple est le point de riz : les mailles à l'endroit ainsi qu'à l'envers alternent le long des rangs et le long des colonnes.

Les tricots dans lesquels le nombre de mailles à l'endroit ainsi qu'à l'envers n'est pas le même ont tendance à se courber ; ceux pour lesquels ces nombres sont égaux (côtes, point mousse ou point de riz) se tiennent bien plats et donnent de beaux drapés.

Tricot à plat et tricot en rond

Fig. 9 — Tricot à plat. Les mailles sur les aiguilles métalliques sont les mailles actives, et le fil venant du tricot est le fil de travail (point mousse).
Fig. 10 — Une machine à tricoter moderne en train de tricoter en trame.
Fig. 11 — Tricot circulaire sur une aiguille circulaire.

À la main, il existe de nombreux styles et méthodes. Le tricot à plat, qui peut être fait sur deux aiguilles droites, ou sur une aiguille circulaire, produit une bande, alors que le tricot circulaire ou tricot en rond, qui se fait sur une aiguille circulaire ou sur un jeu d'aiguilles à deux pointes, produit un tube sans couture.

Le tricot à plat est , à la base utilisé pour tricoter des rectangles plats (Cf. Fig. 9), et généralement des pièces plates, comme les écharpes, les couvertures, les devants et dos de chandails[5]. Il s'effectue en retournant le travail à chaque fin de rang. Il faut alors faire attention à ce qu'on inverse la perspective sur le travail. Si on veut tricoter du jersey, il faut alors tricoter alternativement un rang à l'endroit, puis un rang à l'envers. Pour le point mousse, il suffit de toujours tricoter à l'endroit (ou à l'envers), et comme on retourne le tricot à chaque bout de rang, les rangs successifs, vus d'un côté, apparaissent successivement à l'endroit ainsi qu'à l'envers.

Le tricot circulaire ou tricot en rond est une forme de tricot qui crée un tube sans couture (Cf. Figs. 10 et 11). On tricote par tours (l'équivalent des rangs en tricot à plat) en spirale. Originellement, le tricot circulaire était fait en utilisant un ensemble de quatre ou cinq aiguilles à deux pointes. Plus tard, les aiguilles circulaires ont été découvertes. Une aiguille circulaire est comparable à deux aiguilles à tricoter courtes, reliées par un câble plastique. On utilise le tricot circulaire pour créer des pièces de tricot circulaires ou en tube, comme les bonnets, les chaussettes, les moufles, et les manches.

Il existe toujours le tricot sur les doigts. Ce n'est pas fait sur des aiguilles, mais sur les doigts, et produit un tube.

Montage, fermeture, augmentations, diminutions

Une colonne démarre dès qu'une aiguille vide commmence à tricoter Pour faire les points initiaux d'un tricot, on utilise une méthode de montage ; pour bloquer les mailles finales, on utilise une méthode de fermeture. Au cours du tricot, les mailles actives sont tenues mécaniquement, soit par des crochets individuels (dans les machines à tricoter), soit par des aiguilles ou des cadres dans le tricot à la main.

Un tricot débute par conséquent par l'opération de montage des mailles, qui implique la création d'origine des mailles sur l'aiguille. Différentes méthodes de montage sont utilisées, avec différentes propriétés : l'une peut être suffisamment élastique pour la dentelle, alors que l'autre produit une bordure décorative. On utilise aussi des montages provisoires si on veut pouvoir continuer à tricoter dans les deux sens à partir du montage. Il y a bien des méthodes pour faire le montage, comme la méthode du pouce (aussi connue sous le nom de fronde ou de longue queue), où les mailles sont créées par une série de boucles, qui donneront, une fois tricotées une bordure particulièrement lâche, parfaite pour relever des mailles en vue de tricoter une bordure. Dans la méthode de la double aiguille (aussi connue sous le nom de montage sur câble), chaque boucle positionnée sur l'aiguille est immédiatement tricotée, ce qui produit une bordure plus ferme, parfaite comme bordure définitive, et il en est bien d'autres. Le nombre de mailles actives reste le même qu'au montage sauf si on ajoute des mailles (augmentation) ou si on en enlève (diminution).

Une fois le morceau de tricot fini, il faut fermer les mailles actives restantes. La fermeture consiste à bloquer les mailles chacune par sa voisine, si quoiqu'il n'en reste plus qu'une, qu'on bloque en coupant la laine et en tirant sur la maille jusqu'à ce que le bout de la laine passe à travers. La mécanique est différente de celle du montage, mais la variété des méthodes est identique.

Dans le tricot à plat, on introduit aussi sur les côtés des bords supplémentaires, qui correspondent aux fins de rang. Ceux-ci peuvent être aussi réalisés de diverses façons, avec des propriétés et des aspects divers.

Les bords de départ et de fin d'un tricot se nomment bords de montage et de fermeture. Les bords de côté sont les bords, tout simplement. On peut introduire des bords verticaux ou horizontaux au milieu d'un tricot, par exemple pour faire des boutonnières, en fermant et en remontant à nouveau, pour faire une boutonnière horizontale, ou en tricotant séparément les deux côtés d'une boutonnière verticale, la formant ainsi entre les bords.

Une nouvelle maille peut aussi être passée à travers deux (ou plus) mailles du rang actif, ce qui fait une diminution, et rassemble des colonnes en une.

Inversement, une colonne peut être partagée en deux colonnes ou plus par augmentation, fréquemment impliquant un jeté (tour supplémentaire de fil autour de l'aiguille). Selon la manière dont l'augmentation est faite, il y a fréquemment un trou en œillet dans le tissu au point de l'augmentation.

Fig. 12 — Tricot à l'allemande, le fil tenu par l'index gauche.

Fig. 13 — Tricot à l'occidentale : le fil est tenu par l'index droit

Techniques de tricot

La plupart tricoteurs des pays européanisés suivent soit le style allemand, où le fil est tenu dans la main gauche (Fig. 12) , soit le style occidental (Fig. 13), où le fil est tenu dans la main droite.

Il y a également différents usages, le plus souvent locaux, pour insérer l'aiguille dans la maille. En France, par exemple, on l'insère par le devant pour un point à l'endroit, et par l'arrière pour un point à l'envers[6].

En tricotant certains vêtements, surtout les plus grands comme les chandails, le vêtement final peut être fait de plusieurs morceaux tricotés séparément, et enfin cousus ensemble par un point invisible. Mais il est aussi envisageable de tricoter sans couture, d'une seule pièce. Elizabeth Zimmermann   (en) est certainement la plus ardente militante en faveur des techniques de tricot sans couture et circulaire. Les objets plus petits, chaussettes et bonnets, sont d'habitude tricotés en rond d'une seule pièce sur des aiguilles à deux pointes ou des aiguilles circulaires.

Les ornementations

Avec diverses laines et aiguilles, on peut obtenir des produits finis bien différents, en variant les couleurs, les textures, le poids ou le serrage. L'utilisation d'aiguilles de diamètres et de pointes diverses peut ajouter aux effets. De plus on a une grande liberté dans le choix de la confection des mailles, ce qui ajoute aux effets.

Toutes les combinaisons de mailles à l'endroit ainsi qu'à l'envers, peut-être avec des techniques plus élaborées, génèrent des tissus possédant diverses qualités, de la gaze au particulièrement dense, du particulièrement élastique au assez rigide, du plat au fortement roulé, etc.

Le motif le plus commun pour un vêtement tricoté est celui, uni, du point de jersey. C'est celui utilisé, à particulièrement petite échelle, par les machines à tricoter, pour les bas et les T-shirts. D'autres motifs simples peuvent être obtenus par le mélange de mailles à l'endroit et de mailles à l'envers, comme les côtes, verticales, ou horizontales, le point mousse, le point de riz. En ajoutant les mailles glissées (mailles passées d'une aiguille à l'autre sans être tricotées), on augmente énormément les possibilités, comme les talons ou le point de toile, et tout un ensemble de motifs complexes[7].

Les points d'ornementation

Mailles vers le bas

Typiquement, lorsque une nouvelle maille est passée à travers une maille active, la longueur de la colonne augmente d'une maille. Mais ce n'est pas forcément le cas : la nouvelle maille peut être passée à travers une maille déjà tricotée plus bas dans le tricot, ou aussi entre des mailles tricotées (maille vers le bas). Selon la distance entre l'endroit où la maille est tricotée et le point dans le tricot où elle est , une maille vers le bas peut produire une subtile moucheture, ou une longue ligne sur la surface du tricot, comme par exemple, pour les feuilles inférieures d'une fleur. La nouvelle maille peut aussi être passée entre deux mailles du rang actif, en resserrant les mailles concernées. Cette approche est fréquemment utilisée pour produire un effet de fronces sur le tricot. Les mailles rassemblées peuvent ne pas être du même rang : par exemple on peut faire un pli en tricotant ensemble des mailles de différents rangs, ce qui produit une marque horizontale en saillie sur le tricot.

Mailles glissées

Toutes les mailles d'un rang n'ont pas besoin d'être tricotées ; certaines peuvent être laissées en l'état, simplement passées d'une aiguille à l'autre, et tricotées sur un rang ultérieur. Ceci est connu sous le nom de maille glissée[8]. Les mailles glissées sont naturellement plus longues que les tricotées. A titre d'exemple, une maille glissée sur un rang avant d'être tricotée sera en gros deux fois plus haute que ses voisines. Ceci peut produire des effets visuels intéressants, quoique le tricot résultant soit plus rigide, car les mailles glissées tirent sur leurs voisines et sont moins déformables. La technique des mailles glissées joue un rôle important dans le tricot en mosaïque, une technique importante dans les étoffes texturées tricotées à la main. Les tricots en mosaïque ont tendance à être plus raides que les tricots texturés fabriqués par d'autre méthodes, telles que celles utilisées pour le jacquard[9].

Maille manquée

Occasionnellement, une maille peut être délibérément laissée non tricotée, et sa colonne se démaille. Ceci est connu sous le nom de tricot à maille manquée, et produit une échelle verticale de trous transparents dans le tricot, correspondant à l'emplacement de la colonne démaillée.

Mailles torses

Fig. 14 — Dans certaines limites, un nombre arbitraire de torsions peut être appliqué aux nouvelles mailles, qu'elles soient à l'endroit ou à l'envers. Ici, on illustre une torsion simple, vers la gauche sur les mailles de gauche, et vers la droite sur celles de droite.

Fig. 15 — Les mailles de droite sont torses à droite, et celles de gauche torses à gauche.

Les mailles à l'endroit ainsi qu'à l'envers peuvent être tordues : d'habitude une seule fois (c'est-à-dire un demi-tour) au plus, mais parfois deux ou (très rarement) trois fois. Lorsque on la regarde du dessus, la torsion peut être dans le sens des aiguilles d'une montre ou opposé. Dans le premier cas le fil de droite passe devant celui de gauche, sinon c'est l'inverse. On nomme ces mailles torses à droite, respectivement à gauche (Cf. Fig. 14). Les tricoteurs à la main produisent le plus souvent les mailles torses à droite en tricotant à travers les mailles par derrière, c'est-à-dire en passant l'aiguille dans la maille d'une façon inhabituelle, mais en tournant le fil sur l'aiguille comme à l'habitude. Par contre, les mailles torses à gauche sont le plus souvent faites par les tricoteurs à la main en tournant le fil à l'envers sur l'aiguille et en enfonçant cette dernière comme d'habitude dans la maille. Quoiqu'elles soient symétriques dans leur forme, les mailles torses sont équivalentes fonctionnellement (Fig. 15). Les deux types de mailles torses donnent une texture visuelle subtile mais intéressante. Elles tendent à resserrer le tricot, le rendant plus raide. Les mailles torses sont une méthode habituelle pour tricoter de fins fils métalliques pour la joaillerie.

L'organisation des ornementations

Certaines techniques de tricot plus avancées créent une variété étonnante de textures complexes. L'aspect du vêtement est aussi influencé par le poids de la laine, qui décrit l'épaisseur de fibres filées. Plus la laine est épaisse, plus les mailles seront visibles. Les points ornementaux doivent être intégrés avec soin au projet final, pour lui donner un bel aspect général.

Torsades

Fig. 17 — Illustration de torsades tricotées. La torsade centrale est faite de côtes 2-2 : le fond est à l'envers et les brins de la torsade sont chacun 2 colonnes à l'endroit. En changeant l'ordre des mailles, on fait se croiser les colonnes.

Fig. 16 — Peinture du VIIe siècle sur parchemin illustrant un tapis. Le fond est constitué de nœuds celtiques particulièrement fins (cliquer 3 fois par étapes pour voir le détail)
Fig. 18 — Chandail d'Aran, couvert des fameux motifs en torsades, dont certains ont une signification symbolique.

D'habitude, les mailles sont tricotées dans le même ordre sur chaque rang, et les colonnes sont parallèles, verticales le long du tricot. Mais ceci n'est pas une règle obligatoire. En changeant l'ordre des mailles d'un rang à l'autre, d'habitude avec une aiguille à torsades, ou réserve de mailles, on peut tricoter une variété illimitée de tresses, de torsades, de nids d'abeilles, de motifs des chandails d'Aran. Les torsades ont tendance à resserrer le tricot, le rendant plus dense et moins élastique[10]. Les chandails d'Aran utilisent une grande variété de tricots en torsade[11]. On peut ainsi réaliser des tresses arbitrairement complexes, sous la restriction que les colonnes doivent toujours se diriger vers le haut ; il est généralement impossible d'avoir une colonne qui monte puis descend dans le tricot. Des tricoteurs ont mis au point des méthodes pour donner l'illusion d'une colonne circulaire, comme celles qui apparaissent dans les nœuds celtiques, mais ce ne sont que des approximations incorrectes : le sens de tricot fait que les mailles ont la forme d'un V, et il faudrait la raccorder au sommet avec une maille en ?, ce qui n'existe pas. Cependant de telles colonnes circulaires sont envisageables en utilisant la reprise suisse, une forme de broderie, ou en tricotant séparément un tube et en l'appliquant sur le tricot.

Dentelle

Fig. 19 — Dans le tricot en dentelle, le motif est fait de petits trous stables, le plus souvent par des jetés.

En combinant les augmentations faisant de petits trous en œillet, avec des diminutions assorties, on peut créer un tissu particulièrement léger ressemblant à la dentelle : c'est le tricot en dentelle, qui consiste en motifs et dessins utilisant de tels trous, plutôt qu'avec les mailles elles-mêmes[12], [13]. Les grands et nombreux trous de la dentelle la rendent extrêmement élastique : par exemple certains châles en Shetland sont appelés alliances, parce qu'ils sont si fins qu'ils peuvent passer à travers une alliance.

Les entrelacements

Fig. 20 — Illustration de l'entrelacement. Les colonnes bleues et blanches sont parallèles entre elles, et perpendiculaire aux noires et brunes, faisant penser au tissage d'un panier.

Deux tricots peuvent être cousus par des méthodes de couture invisible empruntées à la broderie, le plus fréquemment le point Kitchener.

Mais on peut en particulier commencer de nouvelles colonnes à partir d'un bord quelconque d'un tricot ; ceci se nomme relever des mailles, et c'est la base de l'entrelacement. L'entrelacement forme un riche motif en échiquier (Cf. Fig. 20), en tricotant de petits carrés, en relevant leurs côtés et en tricotant d'autres carrés pour continuer perpendiculairement le vêtement.

Tricot en biais

En combinant les augmentations et les diminutions, il est envisageable d'orienter la direction d'une colonne en oblique comparé à la verticale. Ceci est la base du tricot en biais, et est parfois utilisé pour des effets visuels identiques à la direction du trait de pinceau sur une peinture à l'huile.

Ornements rapportés

Divers ornements ponctuels peuvent être ajoutés au tricot pour l'aspect, ou pour perfectionner la résistance à l'usure. Les examples comprennent les divers types de pompons, de paillettes ou de perles. De longues boucles peuvent aussi être tirées et fixées, donnant un aspect hirsute au tricot ; ceci est nommé tricot à boucles. Des motifs additionnels peuvent être faits à la surface du tricot en utilisant la broderie ; si cette broderie ressemble au tricot, elle se nomme fréquemment reprise suisse. Diverses finitions sont rapportées sur les vêtements, comme les boutons ou galons. Les boutonnières sont le plus souvent tricotées dans le vêtement, plutôt que coupées, ce qui risquerait des démaillages intempestifs.

Des ornements peuvent aussi être tricotés séparément et attachés en applique. A titre d'exemple, les feuilles et pétales différemment colorés d'une fleur peuvent être tricotés séparément et appliqués pour former le dessin final. Des tubes tricotés séparément peuvent être appliqués sur un tricot pour former les complexes nœuds celtiques ou autres dessins complexes à tricoter.

Feutrage

Le feutrage est une technique pour agglomérer les fibres de laine. Le produit fini est mis dans une lessive chaude, et agité jusqu'à ce qu'il soit rétréci. Le résultat final est significativement plus petit. On peut feutrer des sacs, des moufles, des chaussettes ou des bonnets, par exemple. Ceci peut être souhaité pour perfectionner la cohésion et l'imperméabilité du tricot, ou particulièrement désagréable, si cela arrive par accident, en mettant par mégarde une pièce en tricot dans une lessive de coton blanc à 90°.

Des fils non tricotés peuvent être introduits dans le tricot pour renforcer leur chaleur, comme on le fait pour ouater, en petits brins dont les extrémités, laissées libres à l'intérieur, sont feutrées, ou en fils réguliers introduits dans les rangs.

L'utilisation de la couleur

Fig. 21 – Les deux méthodes principales pour tricoter en jacquard.

Énormément de vêtements tricotés finis n'utilisent qu'une seule couleur de laine, mais il y a énormément de façons de travailler en couleurs multiples.

On tricote avec plusieurs fils de couleurs différentes, d'habitude pour faire des dessins en couleur intéressants. On nomme ces dessins généralement jacquard.

Il existe deux approches les plus courantes, appropriées à des dessins de style différent. La Fig. 21 représente schématiquement ces deux méthodes. Elle ne présente que le trajet moyen des fils de couleur, en négligeant les sinuosités des mailles. Il s'agit d'illustrer un rond bleu sur fond rouge.

La première méthode est appropriée pour des motifs de grande dimension, avec peu de parties de couleurs différentes. La méthode de tricot est à plat, par conséquent en faisant l'aller-retour sur chacune des régions. Elle est illustrée sur la partie haute de la Fig. 21. Elle consiste à tricoter chaque région avec son propre fil de la couleur souhaitée, le raccord entre régions étant fait en passant un fil sous l'autre à chaque rang. Le résultat est un tricot d'épaisseur simple, qui a les mêmes couleurs à l'endroit ainsi qu'à l'envers (voir Fig. 22a et Fig. 22b.

Fig. 22a – Chaussette en jacquard (méthode 1) - lieu

Fig. 22b – La même à l'envers
Fig. 23 – Devant d'un chandail réalisé avec la méthode 2.

Dans une autre méthode (Fig. 21, bas), plus complexe, les fils de l'ensemble des couleurs utilisées, ici deux, courent tout au long du rang, l'un étant maintenu apparent (trait continu sur la figure), l'autre étant passé derrière le tricot (trait pointillé). Ici encore plusieurs solutions sont envisageables :

Ce deuxième ensemble de méthodes est plus appropriée pour faire des petits motifs, des bandes, des frises, ou alors des chandails entiers, ce qui représente un travail particulièrement important (voir Fig. 23).

Un autre dispositif d'utilisation de la couleur est de s'abandonner aux variations de couleur du fil de laine : certaines laines sont teintes en panaché, en sorte que leur couleur change au hasard l'ensemble des quelques mailles (Cf. Fig. 7), ou auto-zébrantes (Cf. Fig. 12), qui changent de couleur plus lentement, l'ensemble des quelques rangs. La laine peut être faite de fibres de différentes couleurs : en petites quantités, elles seront nommées chinées, les tweeds en contenant plus.

Les outils du tricot

La matière première : essentiellement la laine

Articles détaillés : Laine, Fibre et Fibre textile.

Fig. 24 — Les deux torsions envisageables de la laine.

Fabrication du fil de laine

La plupart des fils sont fait de fibres filées. Dans le filage, les fibres sont tordues, de façon à ce que le fil résiste à la cassure sous tension. La torsion peut être faite dans les deux sens, ce qui donne des torsions en S ou en Z (Fig. 24). Si les fibres sont uniquement cardées (démêlées), le fil est duveteux et est nommé cardé. Si en plus les fibres courtes sont éliminées, puis la totalité aligné par un peigne, le fil est plus lisse, et se nomme peigné. Les fibres faisant un fil peuvent être des filaments quasiment continus, comme la soie et de nombreux synthétiques, ou ils peuvent être des fibres de longueur variable, en moyenne d'une dizaine de centimètres. Évidemment on peut couper les filaments en fibres avant de les filer. La résistance à la traction du fil obtenu est déterminée par la torsion, la longueur des fibres, et l'épaisseur de la laine. Généralement, les laines deviennes plus solides avec d'avantage de torsion (laines worsted), des fibres plus longues et plus d'épaisseur (plus de fibres). L'épaisseur d'un fil peut fluctuer sur sa longueur ; un boudin est une surépaisseur, où un paquet de fibres emmêlées s'est incorporé dans le fil.

Un fil filé une fois peut être tricoté en l'état, ou tressé ou retordu avec un autre. Pour retordre, deux fils ou plus sont tordus ensemble, presque toujours dans le sens opposé à celui dans lequel ils avaient été filés individuellement. Par exemple deux fils filés en Z sont d'habitude retordus ensemble en S. L'opposition des torsions contrebalance une partie de la tendance des fils à s'enrouler sur eux-mêmes pour faire un fil plus épais mais équilibré. Des fils retors peuvent eux-mêmes être retordus ensemble, faisant ainsi des fils câblés ou des fils multibrins. Parfois les fils retordus sont déroulés à différentes vitesses, si bien que l'un d'eux entoure les autres comme dans le bouclé. Les fils simples peuvent être teints séparément avant torsion, ou après, pour donner au fil fini un aspect plus uniforme.

La teinture de la laine est un art complexe. Elle peut rester non-teinte, écrue comme c'est la tradition pour les chandails d'Aran, ou elle peut être teinte d'une seule couleur, ou d'une grande variété de couleurs. La teinture peut se faire industriellement, à la main, ou même peinte à la main sur le fil. Une grande variété de teintures synthétiques ont été mises au point depuis la synthèse de l'indigo au milieu du XIXe siècle ; cependant les teintures naturelles existent toujours, quoiqu'elles soient le plus souvent moins éclatantes. Le schéma des couleurs d'un fil est quelquefois nommé sa palette. Des fils de couleurs changeantes peuvent produire des effets visuels intéressants, comme des bandes obliques. Inversement, un fil de couleur changeante peut rendre un bon motif de tricot sans intérêt, en produisant des effets visuels qui le contrarient.

écheveau
Fig. 25 — Un écheveau de laine dans son état d'origine, et détordu. On voit un nœud à gauche : lorsque le nœud sera défait, on pourra rouler l'écheveau en une pelote – ou plusieurs – plus pratique pour tricoter. Tricoter directement à partir de l'écheveau l'emmêlerait certainement irrémédiablement.

Utilisation de la laine

La laine à tricoter à la main est habituellement vendue en pelotes ou en écheveaux, quelquefois enroulée sur des bobines ou des cônes. Les écheveaux et les pelotes sont le plus souvent vendus avec une étiquette indiquant le poids, la longueur, le lot de teinture, le contenu en fibres, les instructions de lavage, la taille d'aiguilles conseillée, etc. Il est de bonne pratique de conserver cette étiquette pour une référence future, en particulier si on doit acheter de la nouvelle laine. Les tricoteurs s'assurent le plus souvent que la laine pour leur travail provient d'un seul lot de teinture. Ce lot spécifie un groupe d'écheveaux qui ont été teints ensemble, et qui ont par conséquent exactement la même couleur ; des écheveaux de lots différents, même s'ils sont particulièrement identiques, sont quelquefois légèrement différents, ce qui fera un contraste lorsqu'il s seront tricotés ensemble. D'autant plus qu'ils ne vieilliront pas tous nécessairement de la même manière. Si un tricoteur n'achète pas suffisamment de laine pour terminer son projet, il est quelquefois envisageable de se procurer des écheveaux additionnels du même lot, peut-être chez d'autres marchands, ou en ligne.

L'épaisseur ou le poids de la laine est un facteur significatif pour déterminer la jauge, c'est-à-dire le nombre de mailles et de rangs indispensable pour faire une certaine surface dans un point donné. Les laines épaisses ont besoin de grosses aiguilles, alors que les laines fines peuvent être tricotées avec des aiguilles ordinaires ou fines. Les laines plus grosses demandent par conséquent moins de mailles, et par conséquent moins de temps, pour tricoter un vêtement de dimension donnée. Les motifs et ornements sont plus gros avec des laines plus grosses ; les grosses laines donnent des effets visuels plus voyants, les laines fines sont meilleures pour les motifs raffinés. Les laines sont groupées selon leur épaisseur en six catégories : superfine, fine, légère, moyenne, grosse et supergrosse. L'épaisseur est mesurée quantitativement en nombre de colonnes par unité de longueur (en anglais, wraps per inch ou WPI). Le poids qui lui est relié est la masse linéique, mesurée en deniers, unité de mesure d'épaisseur des fils continus : c'est la masse en grammes d'une longueur de 9 000 m. On lui préfèrera l'unité dérivée du SI, le tex (1 g/km soit 9 deniers).

Fig. 26 — Transformation d'un écheveau de soie pêche (haut) en pelote, dans laquelle le fil à tricoter émerge du centre (bas). Cette dernière disposition est la meilleure pour tricoter, car le fil est moins enclin à s'emmêler.

Avant de tricoter, le tricoteur va typiquement transformer un écheveau en pelote (Fig. 26). Il est préférable de laisser la laine émerger du centre de la pelote : ceci va rendre le tricot plus facile en évitant que le fil ne s'emmêle trop aisément. Cette transformation peut être faite à la main, ou avec un appareil enrouleur de pelotes. Lorsqu'il s tricotent, certains tricoteurs enferment leur pelote dans un bocal, pour la garder propre et éviter qu'elle ne roule et ne s'emmêle avec d'autres fils ; le bout du fil passe par un petit trou dans le couvercle du bocal.

Fig. 27 — Tricot en train de pelucher.

L'utilité d'une laine pour un projet de tricot se juge sur divers facteurs, comme sa légèreté (sa capacité à emprisonner l'air), sa résilience (son élasticité sous tension), ses propriétés au lavage et sa tenue des couleurs, son toucher (en particulier sa douceur ou sa rudesse), sa résistance à l'abrasion, sa résistance au peluchage (Fig. 27), son poil, sa tendance à se tordre ou à se détordre, son poids global et son drapé, ses qualités de blocage et de feutrage, son confort (perméabilité à l'air, absorption et transport de l'humidité par capillarité), et évidemment son aspect, qui comprend la couleur, le lustre, la douceur et les propriétés ornementales. Parmi les autres facteurs, citons les propriétés allergéniques, la vitesse de séchage, la résistance aux agents chimiques, aux mites ainsi qu'à la moisissure, le point de fusion et l'inflammabilité, la rétention de l'électricité statique, et la résistance aux taches ainsi qu'aux teintures. Certains aspects peuvent être plus importants que d'autres selon les projets, si quoiqu'il n'y a pas une laine optimale. La résilience et la tendance à se (dé) tordre sont des propriétés générales qui affectent la facilité du tricot à la main. Les laines plus résilientes sont plus tolérantes aux irrégularités de la tension ; les laines particulièrement tordues sont quelquefois complexes à tricoter, alors que la laine qui se détord peut conduire à des mailles à moitié manquées, où une partie de la maille reste en l'air. Un facteur clé en tricot est la définition des points, qui correspond à la façon dont des motifs compliqués sont vus avec la laine concernée. Des laines lisses, filées particulièrement serré sont les meilleures pour faire apparaître les motifs de points ; à l'autre bout, des laines extrêmement duveteuses ou poilues ont une mauvaise définition des points, et tout motif de points compliqué passera inaperçu.

Les aiguilles à tricoter

Article détaillé : Aiguille à tricoter.

Dans des cas particulièrement simples, le tricot peut être fait sans instruments, en ne se servant que des doigts ; cependant, le tricot se fait d'habitude en utilisant des outils tels que des aiguilles à tricoter, des machines à tricoter, ou des cadres rigides. Selon leur taille et leur forme, ces cadres peuvent s'appeler planches, anneaux, métiers, ou bobines à tricoter. D'autres outils sont utilisés pour préparer la laine à tricoter, pour mesurer et ajuster les vêtements tricotés, ou pour rendre le tricot plus facile ou plus confortable.

Il y a trois types de base d'aiguilles à tricoter :

La possibilité de travailler à partir des deux bouts de la même aiguille est commode pour divers types de tricot, comme les versions à mailles glissées du tricot en double.

La propriété principale des aiguilles est leur diamètre, qui peut aller de moins de 2 mm à 25 mm. Le diamètre définit la taille des mailles, ce qui affecte la jauge du tricot et son élasticité. En effet, les mailles sont constituées en enroulant le fil sur l'aiguille, où il reste tant que la maille est active.

Un cas spécial est l'aiguille à torsades, aiguille à deux pointes, particulièrement courte, et pourvue d'une chicane au milieu. On l'utilise lorsque on fait des torsades pour tenir les mailles provisoirement, d'un côté ou de l'autre du tricot, lorsqu'on tricote les autres.

Fig. 28 — Quelques accessoires utilisés par les tricoteurs à la main. En partant du bas à droite, deux crochets, deux épingles d'attente (ressemblant à des épingles de sûreté), et deux aiguilles à torsades, rose et verte. À gauche, une paire de ciseaux, une aiguille à laine, deux protège-pointe orange, des anneaux de marquage verts et bleu. En haut à gauche, deux protège-pointe noirs, l'un monté sur une aiguille rouge. Échelle en pouces (25 mm).

Les autres accessoires

Fig. 29 — Bobineaux pour les fils de différentes couleurs utilisés dans le jacquard

Divers accessoires ont été mis au point pour favoriser le tricot à la main (Figs. 28 et 29). Les instruments pour dérouler les écheveaux, pelotonner les pelotes, et les mettre à l'abri ont été évoqués plus haut. Les crochets et aiguilles à repriser la laine sont fréquemment utiles pour relever des mailles ou lier deux morceaux de tricot bord à bord. L'aiguille à repriser est utilisée dans le point doublé (aussi connu sous le nom de reprise suisse, alors que le crochet est essentiel pour réparer les démaillages, ou pour certains points comme l'ouaté. D'autres accessoires utilisés pour préparer des ornementations spécifiques incluent l'arbre à pompons, pour faire commodément des pompons. Pour les motifs grands ou compliqués, il est fréquemment complexe de garder la trace de quel point doit être tricoté de quelle manière ; divers instruments ont été mis au point pour identifier le numéro d'un rang ou d'une maille spécifique, y compris les anneaux de marquage, les marqueurs pendants, les bouts de fil et les compteurs. Une autre difficulté potentielle est que les mailles peuvent glisser à la pointe de l'aiguille lorsque on pose l'ouvrage pour faire autre chose : ceci est empêché par les protège-pointe qu'on glisse sur les pointes. Évoquons le problème des excès de zèle au tricot qui peuvent conduire à des contractures de la main ou du poignet, ou plus grave. Des gants spéciaux anti-stress combattent ce genre d'effet. Enfin, il y a toute espèce de sacs et de bagagerie pour contenir en bon ordre le tricot, la laine, les aiguilles et tout le reste.

Histoire et culture

Fig. 30 — J. F. Millet : Bergère tricotant (1856-7)

L'ancêtre du tricot est probablement ce qui est connu sous le nom viking de nålbinding. Les trouvailles archéologiques les plus anciennes ont été réalisées avec cette technique, et faussement identifiées comme des tricots. La trouvaille la plus ancienne de tricot au sens propre consiste en fragments de chaussettes coptes en coton finement décorées trouvées en Égypte et datant de la fin du Xe siècle[14], [15]. Compte tenu de la finesse et de la sophistication du décor bicolore, il faut supposer que l'invention elle-même du tricot est bien antérieure.
La première guilde commerciale de tricot a été fondée à Paris en 1527[16].
Avec l'invention de la machine à tricoter, cependant, le tricot à la main devient un art utile, mais non essentiel. Comme le matelassage, le filage, la broderie au petit point, le tricot est devenu une activité sociale.

Fig. 31 — Cette femme tricote dans un café. Quoique ce soit fait d'habitude par une seule personne, le tricot est fréquemment une activité sociale. Il y a énormément de groupes ou autres clubs de tricot.

Le tricot à la main est devenu à la mode et en est sorti plusieurs fois dans les deux derniers siècles, et au début du XXIe siècle, il revit. Selon le groupe industriel Craft Yarn Council of America, le nombre de tricoteuses aux États-Unis entre 25 et 35 ans a augmenté de 150 % entre 2002 et 2004[17]. Cette dernière réincarnation est moins orientée vers la débrouillardise et la réparation que celle des années 40 et 50, mais plus vers une affirmation de la personnalité et le développement de l'esprit communautaire.

En outre, bien des tricoteurs contemporains ont un blog sur leur tricot, leurs modèles et leurs techniques, ou rejoignent des communautés virtuelles focalisées sur le tricot[18], comme Ravelry   (en)

Autres applications du tricot

Applications caritatives

Tricoter des vêtements pour une distribution gratuite aux autres est de tradition courante dans les groupes de tricot. Les filles et les femmes ont tricoté des chaussettes, des chandails, des écharpes, des moufles, des gants et des bonnets pour les soldats en Crimée, au cours de la guerre de Sécession, ou la guerre des Bœrs. Cette pratique a continué pendant les deux guerres mondiales, en Corée, et continue pour les soldats en Irak et en Afghanistan. Dans les entreprises historiques, les compagnies de laine fournissaient des patrons acceptés par les diverses armes. Les projets modernes impliquent habituellement des garnitures intérieures de casques. Ces garnitures doivent être à 100 % de la laine peignée épaisse.

Un des projets modernes les plus réussis a été le projet chemo-cap, démarré à Nazareth (Pennsylvania) en 2002, en mémoire d'une femme décédée d'un cancer de l'utérus. Ce projet, comme d'autres tels que les headhuggers, jour sans cheveux, apporte des bonnets et autres couvre-chefs pour les patientes en chimiothérapie. Comme pour les projets de garniture de casques, les compagnies de laine offrent gratuitement les recettes ; la fibre doit être ici 100 % coton ou acrylique, et lavable à la machine.

Applications industrielles

Dans l'industrie, le fil métallique est aussi tricoté pour tout un ensemble d'applications, allant des filtres à cafetières aux convertisseurs catalytiques pour l'automobile, et toujours bien d'autres usages. Ces étoffes sont le plus souvent tricotées sur des machines à tricoter circulaires, analogues aux machiches à chaussettes.

La publicité

Au Royaume-Uni, une compagnie agro-alimentaire a fait une campagne de publicité pour des céréales de petit-déjeuner à la télévision en les présentant comme tricotées par des mamies. La présentation mène le spectateur dans une usine mythique où chaque morceau de céréales est tricoté par une mamie. Puis elle explique que ce n'est pas facile de tricoter le bon goût du produit, parce que les céréales ont besoin du savoir-faire des mamies. Entre les explications «techniques» qui sont données, des mamies qui bavardent sont admonestées par leur surveillante.

Les graffiti

Dans ces dernières années, une pratique nommée bombage à la laine, utilisant de l'étoffe tricotée aux aiguilles ou au crochet pour modifier et orner le voisinage (plutôt à l'extérieur), a émergé aux États-Unis, et s'est répandue dans le monde[19]. Les bombeurs à la laine s'en prennent fréquemment à des graffiti existants pour les perfectionner.

Voir aussi

Notes

  1. Une colonne, selon'Knitting Technology : a Comprehensive Handbook and Practical Guide, est une «suite en gros verticale de mailles le plus souvent tricotées par les mêmes aiguilles à des cycles de tricot successifs» (Spencer 1989, p.  17).
  2. (en) Knitting Basics, Alamac American Knits LLC, 2004. Consulté le 17 décembre 2009
  3. (Spencer 1989, p.  11-12)
  4. (en) Vivian Høxbro, Shadow Knitting, Interweave Press, Loveland, CO, 2004 (ISBN 978-1931499415)  
  5. Des formes de tissu différentes peuvent être aussi faites en utilisant des points spéciaux au sein du tricot ; voir augmentation, diminution, torsade.
  6. (en) Amy Finlay, «How to do the knit stitch». Consulté le 17 décembre 2009
  7. On consultera utilement la référence knitspirit pour des démonstrations vidéo de points en tous genres
  8. (en) Roxana Bartlett, Slip-Stitch Knitting : Color Pattern the Easy Way, Interweave Press, Loveland, CO, 1998 (ISBN 978-1883010324)  
  9. (en) Alice Starmore, Alice Starmore's Book of Fair Isle Knitting, Taunton, 1988 (ISBN 978-0918804976)  
  10. (en) Melissa Leapman, Cables Untangled : An Exploration of Cable Knitting, Potter Craft, 2006 (ISBN 978-1400097456)  
  11. (en) Shelagh Hollingworth, The Complete Book of Traditional Aran Knitting, St. Martin's Press, 1983 (ISBN 978-0312156350)  
  12. (en) Jane Sowerby, Victorian Lace Today, XRX Books, 2006 (ISBN 978-1933064079)  
  13. (en) Meg Swansen, A Gathering of Lace, Schoolhouse Press, 2005 (ISBN 978-1893762244)  
  14. (en) Julie Theaker, «History 101», Knitty, 2006. Consulté le 17 décembre 2009
  15. (en) Dar Anahita, «Medieval Egyptian Knitting 1». Consulté le 27 décembre 2009 : montre la trouvaille égyptienne de l'an mil, et sa reconstitution moderne.
  16. (en) Roy Porter, Consumption and the World of Goods, Routledge, London, 1994,  p. (ISBN 0-415-11478-0)  
  17. (en) CYCA News : Knitting & Crocheting Are Hot!, Craft Yarn Council of America, 2005. Consulté le 21 janvier 2010
  18. (en) Gillian Reagan, «Web site for knitting nuts has New york needlers in stitches. », The New York Observer, 2 février 2009. Consulté le 21 décembre 2009
  19. (en) Knitters turn to graffiti artists with'yarnbombing', The Telegraph, 21 janvier 2009. Consulté le 21 décembre 2009

Bibliographie


Références externes


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"Tricot & couture"

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